La Lettre Perdue
Dimanche,
j'ai commencé à fabriquer une passerelle pour monter sur mon bateau.
Si, par extraordinaire,
un jour tu passais par là,
je pourrai t'amener sur mon île,
toi qui avait tant de mal à monter à bord,
saisie par le vertige au moment de franchir le pas.
Parmi les souhaits, que je n'ai pas pu réaliser au cours de ces dernières années,
c'est un de ceux qui me tenaient le plus à cœur.
J'ai toujours rêvé de t'aimer sur l'île que j'aime...
Mais il faut dire qu'il n'était pas facile de t'emmener en bateau
(au sens propre du terme).
Elle est si belle mon île !
Quand tombe le soir et que le soleil se couche derrière l'Estérel,
en lui empruntant sa somptueuse couleur,
elle est chaude et vibrante, calme et parfumée.
Je ne connais pas de lieu plus sensuel que l'île de SAINT-HONORAT,
quand tombe le soir et que s'installe la solitude.
Les touristes sont partis avec la dernière navette,
les moines sont enfermés dans leur monastère,
les plaisanciers ne quittent pas leurs bateaux,
sur la passe ou dans le petit port.
Alors,
elle se livre complètement à celui qui veut l'aimer.
Je te coucherai délicatement sur le sol,
encore tiède du soleil qu'il a emmagasiné,
et je me blottirai contre toi,
dans le creux d'une butte de terre,
au fond d'une anse tournée vers le large.
Je te regarderai dans les yeux,
en silence,
mon visage à quelques centimètres du tien.
Ton regard soutiendra le mien,
gravement,
et une lueur trouble envahira peu à peu tes prunelles.
Mes lèvres effleureront tes lèvres,
provoquant l'apparition d'un frisson qui parcoura ton corps.
Je boirai ta salive à petites gorgées,
comme la source de vie,
l'élixir de jouvence.
Tu répondras à mon baiser,
avec tes lèvres humides,
avec ta langue chaude et caressante.
Je dégraferai doucement ton corsage
et dégagerai patiemment la pointe de l'un de tes seins,
dont s'approchera lentement ma bouche gourmande.
Avant qu'elle ne parvienne à son but,
le petit téton pâle viendra à sa rencontre,
pressé d'être mordu.
Je titillerai ton petit bout avec ma langue jusqu'à ce qu'il se redresse,
ferme et hérissé.
Ces agaceries ne te satisferont pas,
et il faudra que je tète goulûment ta poitrine pour que tu te détentes enfin,
souriante et humide.
Mais, déjà, mes mains s'empareront de ta petite culotte,
qu'elles extirperont impatiemment de sous ta robe.
Mon visage les suivra,
cherchant ton sexe,
comme le museau aveugle du chiot nouveau-né
qui fouille le ventre de sa mère pour trouver une mamelle.
Me voilà enfin blotti au creux de tes cuisses,
le nez enfoncé dans ta toison humide.
J'inhale profondément les subtiles senteurs qui montent de ton sexe.
Je ne connais pas de parfum plus doux, plus profond.
Ma langue se fraie un chemin entre tes lèvres fripées,
et s'enfonce résolument dans ta vulve offerte.
Une liqueur épaisse,
douce amère,
tapisse les parois de l'antre,
témoignant de tes premiers émois.
Je lape soigneusement la divine liqueur d'amour qui me comble d'aise.
Ma langue poursuit son chemin,
en aveugle,
et fouille les lèvres légères pour trouver ton petit compagnon de jouissance.
Surprise de ne rien trouver,
elle passe et repasse entre les plis souples.
Enfin, tu réagis,
ce petit bourrelet,
gros comme une lentille,
est le centre de ton plaisir.
Alors,
mes lèvres et ma langue s'efforcent d'extirper le petit sournois de sa cachette.
Mes lèvres l'aspirent pour le faire sortir,
ma langue le frotte vigoureusement,
et, une fois de plus, le miracle se produit :
ton corps s'anime de soubresauts violents et tu soupires d'aise.
Tes hanches suivent le mouvement imprimé par ma langue au clitoris.
Soudain,
c'est la décharge,
brutale,
sauvage,
riche et généreuse.
Profitant du calme relatif qui s'est abattu sur toi,
je te manipule pour te retourner.
Ton corps obéit à mes mains,
sans anticiper,
mais attentif à la demande,
doux et docile.
À genoux,
la tête et le buste collés au sol,
les cuisses bien droites et légèrement écartées,
le cul cambré,
tu t'offres impudique.
J'ai toujours été agréablement surpris par ton absence totale de pudeur dans l'intimité amoureuse. Aussi loin que je me souvienne, tu as toujours offert, à mes yeux ébahis, les visions les plus secrètes, des replis les plus discrets de ta personne, sans affecter la moindre fausse pudeur.
Je pense que cela prouve que tu es en harmonie avec l'apparence de ton corps, que tu es sûre de lui-même dans les détails les plus intimes.
En cela, tu as parfaitement raison !
Tes fesses sont bien rondes et blanches,
une lune d'amour éblouissante et pleine.
Dans le sillon,
que ta pose écarte,
deux cercles concentriques attirent irrésistiblement mon regard :
un bouton d'œillet avec sa corolle de poils rayonnants.
Je ne peux pas résister longtemps,
déjà ma langue pénètre dans le logis discret,
écartant les parois musclées pour entrer plus profondément.
Tout ton corps frémi, un râle s'échappe de tes lèvres.
Tandis que ton fessier s'anime,
en cadence,
d'une lente rotation,
ma langue travaille ardemment pour assouplir et mouiller les tissus.
Soudain,
d'une voix sourde,
tu prononces la miraculeuse invitation,
que j'attends chaque fois et qui,
chaque fois,
me surprend et me ravi :
"Toi... Viens...".
Je m'empresse de me relever et de venir couvrir ton corps avec le mien.
Avec précautions,
mon sexe gonflé s'insinue entre tes fesses.
Une fois de plus je suis surpris de la facilité avec laquelle il trouve son chemin.
Ton petit trou,
dont l'appétit a été éveillé,
l'attend et l'espère.
Mon sexe caresse longuement l'embouchure de ton anus,
pénétrant peu à peu,
millimètre par millimètre.
Cette lenteur agace tes sens et ton cul frétille d'impatience.
Dès que mon sexe est suffisamment engagé,
dès qu'il a dépassé le point de non-retour,
d'un violent mouvement en arrière, tu t'empales sur ce dard dressé.
Quel délicieux moment, cette cavalcade désordonnée,
pendant laquelle, guidant tes fesses avec mes mains,
j'explore,
de toute la sensibilité de mon sexe,
l'étroit conduit, doux et humide comme un baiser d'ange,
Agité de mouvements tournants,
il entraîne ma conscience dans un tourbillon démoniaque.
Au bout d'un moment,
de cet excitant manège,
tu es prise d'un sursaut plus violent que les autres et ton cul soudain s'humidifie,
merveilleuse jouissance,
bénie des dieux,
qui te fait rugir de plaisir en secouant la tête comme un lion sa crinière.
Bientôt, ma jouissance vient également,
comme un éclair dans ma tête,
et me laisse pantelant,
le souffle roque,
le cœur inondé de reconnaissance et d'amour,
comme ton cul est inondé de mon foutre.
Je me laisse aller sur le côté,
couchant près de toi mon corps repu.
À cet instant,
j'ai l'impression de ne plus rien désirer,
d'être comblé pour longtemps.
Pourtant,
sans désespérer,
tes mains s'insinuent dans l'ouverture de mon pantalon, où mon sexe,
visqueux et soudain rétréci,
a lâchement cherché refuge.
Tu pétris un instant entre tes doigts le héros fatigué puis, sans prévenir,
dans un mouvement lent, inexorable,
tu te penches vers lui et l'engloutis dans ta bouche.
Une fois de plus,
au bonheur de te voir t'occuper ainsi de mon plaisir,
se joint une joie fugitive et violente, comme une piqûre d'épingle,
une jouissance intellectuelle,
quand je constate que ta bouche a happé sans hésitation mon sexe,
encore gluant de nos deux liqueurs amoureuses mêlées.
Délicatement, savamment,
ta bouche s'active autour de mon gland une fois de plus gonflé.
Alors, un nouveau miracle se produit :
tu as commencé avec une conscience et une application besogneuses et voilà que, soudain,
insensiblement, tout change :
tu ronronnes de plaisir comme un chaton qui tète sa mère.
Des petits frissons parcourent mon échine.
Une formidable pompe à jouissance s'est mise en route,
qui s'applique à extirper de mon sexe la moindre parcelle de plaisir.
Il ne faudrait pas longtemps,
si je me laissais aller,
pour me faire éjaculer à nouveau.
Une idée me traverse soudain l'esprit.
Je repousse doucement le tendre cordon humide qui aspire mon gland.
Je m'allonge confortablement sur le sol et t'attire sur moi en disant tendrement :
"Viens ma grenouille".
Tout en ébauchant ton geste habituel de dénégation,
tu te glisses docilement à califourchon sur moi.
Les lèvres humides de ton sexe avale avec délice mon sexe bandé.
À cheval sur moi, les jambes repliées vers l'avant,
tu bouges lentement ton corps,
ce qui provoque un glissement alternatif de ta chatte qui,
tour à tour, couvre et découvre mon membre.
Mes mains caressent tes fesses souples,
accompagnant leurs mouvements.
Mes doigts caressent l'orifice de ton anus,
évaluant avec délice le résultat de la pénétration brutale.
Ces caresses provoquent quelques frémissements dans ton corps.
Confortablement enfoncé dans ton sexe,
j'accompagne tes mouvements par des petits coups de reins.
C'est dans cette position que tu m'attendris le plus.
Tes jambes repliées font de toi un petit animal,
lové sur moi,
que je peux serrer entièrement dans mes bras.
Pendant que tu te concentres complètement autour du plaisir qui monte en toi,
mon esprit se détache et j'observe la scène en prenant du recul.
Pourquoi n'es-tu pas toujours ainsi ?
Petit animal amical, attentif au plaisir.
Merveilleux petit animal que j'ai l'impression de posséder totalement.
Ce n'est plus la prise de possession sauvage,
proche du viol,
que j'ai connu il y a quelques instants,
quand mon membre hypertrophié pénétrait violemment dans ton cul dilaté.
C'est une possession douce et tendre,
amoureuse,
qui fusionne nos deux corps en un seul corps,
nos deux âmes en une seule âme.
Mais voilà que la montée du plaisir t'a fait te redresser sur moi,
te voilà nue, droite, le dos cambré,
plantée sur mon sexe comme une chandelle.
Tes mouvements s'accélèrent.
Tu rejettes légèrement la tête en arrière,
les yeux clos.
Tes bras s'agitent dans le vide,
comme ceux d'une danseuse hindoue accomplissant un rite sacré.
Un râle échappe de tes lèvres et tu mords frénétiquement l'une de tes mains.
En quelques instants, ton visage se décompose,
pour adopter un masque méconnaissable.
Ce n'est pas ton plus beau visage, mais je l'aime,
il est cher à mon souvenir,
car nous sommes peu d'hommes sur terre à l'avoir connu.
Au paroxysme de ton plaisir,
ton corps s'affaisse soudain sur ma poitrine,
ton sexe cherche à échapper à mon sexe qui le laboure en cadence.
Mes mains te bloquent dans ta fuite et t'obligent à poursuivre l'action.
Après encore quelques gémissements,
quelques soubresauts de ton corps,
tu t'affales sur moi, brisée et repue.
Mais mon rêve soudain se déchire.
Ma mie ma repoussé en me disant que j'étais une vieille baderne triste.
Elle m'a repoussé en me disant qu'elle ne m'aimait pas et ne m'avait jamais aimé.
Elle a fui sous d'autres cieux,
pour d'autres plaisirs,
pour d'autres joies,
pour d'autres amours.
Mon île restera solitaire.
Mille et mille fois,
le soleil couchant caressera des rochers vides,
désespérément vides.
Cette lettre, je ne l'ai jamais envoyée. Écrite d'un jet, au cours d'une torride soirée d'été, elle témoigne davantage de mon excitation du moment que de regrets amoureux authentiques. Il faut parfois faire attention de ne pas se laisser entraîner, par le vertige de l'écriture, à dire des choses que l'on pourra regretter ensuite d'avoir dites.