L'ÉTRANGÈRE

L'Étrangère

Une Étrangère s'était introduite dans mon paradis !
J'avais alors une dizaine d'années. Pendant les vacances scolaires d'été, je m'installais chez mes grands-parents, qui habitaient pendant la belle saison à proximité d'un petit village de la vallée du Paillon, à neuf kilomètres de la ville de Nice. Ce paisible hameau me semblait être au bout du monde, alors qu'il est pratiquement intégré, aujourd'hui, à l'agglomération niçoise. Il faut dire que, par souci d'économie, nous ne nous rendions à Nice qu'à pied, heureusement très peu souvent, ce qui donnait à cette modeste distance des proportions fabuleuses, en rapport avec mes petites jambes.
Pendant toute la durée des longues vacances, accordées généreusement par l'Éducation Nationale à cette époque, je vivais comme un sauvageon, pieds nus et vêtu simplement d'un slip. Notre maison étant isolée, je ne voyais personne d'autre que mes grands-parents. Et encore, j'évitais ceux-ci en dehors des heures de repas, par crainte qu'ils ne m'attribuent quelque corvée ennuyeuse à exécuter.
Je vivais donc seul au cours de toutes mes journées, mais dans un univers magique et entouré d'un monde grouillant de personnages imaginaires. Et, Dieu sait que je ne manquais pas d'imagination !

Voilà que cette tranquille solitude fut troublée par l'arrivée d'une intruse. Une jeune femme, parente éloignée de ma famille, vint s'installer parmi nous pour quelques semaines. Sans doute pour prendre un repos de convalescence, si j'en croyais la pâleur de son teint. Il faut dire que je n'avais jamais vu de si près une femme rousse et que la blancheur naturelle de sa peau me semblait tout à fait anormale.
Bien qu'elle fût particulièrement discrète, cette jeune femme perturbait, par sa seule présence, le bon ordonnancement de mon petit univers. J'aurais pu l'ignorer et ce n'était pas elle qui serait venue me harceler dans mes domaines secrets, mais le trouble était en moi, provoqué par ma sensualité naissante. Tant qu'il n'y avait autour de moi que mes grands-parents, leur chienne et leur chatte, mes pensées sexuelles se cantonnaient à mes rêves nocturnes. Depuis que cette appétissante rousse était là, ces pensées envahissaient mes journées.

Il y avait un moment délicat entre tous, celui de la sieste qui suivait immanquablement le repas de midi. Être enfermé dans une chambre bourdonnante de mouches, si proche de la sienne, aiguisait particulièrement mon imagination. Ni tenant plus, je m'enhardis un jour jusqu'à ouvrir, avec un luxe infini de précautions, la porte de sa chambre.
Une bouffée d'un parfum, lourd et épicé, m'accueillit dès que la porte fût entrebâillée, ce qui m'encouragea à persévérer dans mon intention sournoise. La pièce était plongée dans une demi-pénombre et il fallut un moment pour que mes yeux s'accoutument et me permettent d'entrevoir une silhouette allongée sur le lit. Le souffle lent et régulier, de la belle dormeuse, prouvait qu'elle était profondément assoupie. Elle n'était vêtue que d'une légère robe d'intérieur blanche, qui ne couvrait qu'imparfaitement ses jambes. Cette vision me donna aussitôt une idée. Je me glissais en rampant jusqu'au pied du lit, mon cœur cognant à se rompre dans ma poitrine. Ce que j'entrevis, à travers une ouverture du pied de lit en bois sculpté, devait me payer largement de mes efforts et augmenter encore mon émotion, jusqu'à un paroxysme à peine soutenable. Mes tempes battaient violemment, transformant ma tête en une cloche sonnant le tocsin.
Les plis du léger coton laissaient entrevoir la grasse blancheur des jambes de la femme endormie et, par une trouée vertigineuse, la toison opulente de son sexe. Le manque de clarté de la chambre, ne permettait que d'imaginer ce dernier, mais l'imprécision de l'image ne rendait que plus émouvant le spectacle.
Ce que j'entrevoyais, n'avait qu'une part minime dans l'excitation qui s'était emparé de moi depuis que j'avais entrepris ma reptation dans ce territoire interdit. C'étaient les odeurs, les parfums, qui accentuaient mon trouble de minutes en minutes. À présent que mon visage n'était plus qu'à quelques décimètres de l'ouverture de la robe, j'étais littéralement submergé par les flots de senteurs qui s'échappaient de l'orifice. Je retrouvais le parfum qui m'avait accueilli, mais surtout des odeurs moins artificielles et beaucoup plus enivrantes. Je découvrais, en même temps que les poils pubiens d'une femme, les fragrances d'un corps, exaltées par la chaleur moite de la maison silencieuse. Et pour ce qui était des arômes intimes, j'étais particulièrement gâté en commençant par une rousse mon initiation sensitive.
Suffoquant presque de désir, je libérais ma verge raidie et entrepris hâtivement de la masser vigoureusement. Je n'interrompis ma manœuvre que lorsque ma main reçut le flot de liquide chaud et grumeleux, qui n'était venu que depuis peu couronner mes épuisantes masturbations nocturnes.
Satisfait, je quittais la pièce aussi silencieusement que j'y étais entré, laissant la dame absorbée par son sommeil.

Est-il vraiment utile de préciser que cette première aventure me mit en appétit et m'incita à renouveler l'expérience et même, très rapidement, à prendre des risques supplémentaires pour aller encore plus loin dans ma découverte. La vue du sexe de la belle endormie ne pouvant pas être sensiblement améliorée par une action personnelle, je décidais de centrer mon intérêt sur les effluves sexuelles. Un jour où je trouvais porte close, c'est-à-dire le tissu d'une robe, moins complaisante, enfermant hermétiquement l'entrejambe convoité, je me risquais sur le côté du lit et soulevant délicatement le léger voile, je glissais mon nez dans l'ouverture parcimonieusement ouverte.
Quel choc ! La vague de fumets me frappa avec la brutalité d'une inhalation de vapeurs d'ammoniaque, mais sans rien de désagréable pour mes sens. Au contraire, je restais un moment halluciné, comme le sont les gamins qui se shootent avec des vapeurs de colle. Mon excitation sexuelle était à son comble, mais comment se masturber dans une position aussi dangereuse et aussi compromettante ? Je fis donc provisions de senteurs salaces, pour pouvoir ensuite satisfaire mes désirs, en tentant de me remémorer le panaché de parfums.

Cette manifestation de prudence relative ne devait pas me protéger longtemps d'un réveil inopiné de mon odorante dormeuse. Quelques jours après cette forte expérience hallucinogène, comme je m'étais glissé sur le côté du lit, ce que je manquais plus de faire à chaque occasion, j'eus soudain l'impression que la dame ne dormait plus. Un changement subtil s'était opéré dans son rythme respiratoire. Elle ne dormait plus, cela j'en étais certain à présent, et pourtant elle ne réagissait pas brutalement, comme je craignais qu'elle le fasse depuis le début de mes incursions indiscrètes. J'étais pris le "nez dans le sac" et je sentais qu'elle m'observait sans manifester de surprise ou d'hostilité.
Que faire ? Battre en retraite prudemment et filer me cacher dans ma chambre... Mais, alors, comment oser ensuite reparaître devant la dame ? Continuer mon inhalation, au risque de provoquer enfin une réaction de rejet ? Le temps passait, pendant que je me posais ces questions, et rendait l'urgence d'une décision de moins en moins évidente. Je compris que ma belle rousse attendait, sans se manifester, pour voir jusqu'où irait mon impertinence et qu'elle était la gravité de l'acte qu'elle avait surpris. Il était évident qu'elle ne connaîtrait jamais l'ampleur de mon crime, si elle interrompait son accomplissement !
Je réalisais donc ma petite opération vicieuse en suivant exactement le même scénario que les fois précédentes et, mon forfait accompli, quittais la place avec des précautions aussi grandes que lors de mes dernières visites.

Ce n'est que plus tard, dans le courant de l'après-midi, que la convalescente me rejoignit dans le petit-bois qui faisait partie de mon royaume. J'étais assis sur le tronc d'un arbre couché, bien visible, contrairement à mes habitudes qui me faisaient préférer les cachettes secrètes que j'avais aménagées dans les taillis les plus épais. Elle s'assit près de moi sans un mot, et après un long silence, commença à me parler avec douceur.

· Alors, quel est ton diagnostic sur mes odeurs corporelles ?

J'étais suffoqué par une attaque aussi directe. La boule douloureuse qui bloquait mon larynx se changea subitement en sanglots. Je me mis à pleurer silencieusement, comme le minot que je m'efforçais de ne pas paraître. La jeune femme me prit dans ces bras et me serra contre sa poitrine, où je ne pus m'empêcher d'identifier son parfum entêtant.
Avec une voix calme, aux intonations amicales, elle me posa des questions beaucoup moins directes que son entrée en matière et, peu à peu, obtint ma confession totale. Je me surpris à m'entendre lui communiquer tous les détails de mes visites sordides dans sa chambre. Je lui parlais même, avec force détails, de mes petites séances de masturbation. Lui livrant des secrets intimes, que je n'aurais même pas partagé avec mon meilleur copain.

· Je suis heureuse que tu m'aies parlé avec autant de franchise. Nous partageons à présent des secrets qui nous lient, à la vie à la mort, dans un pacte de discrétion. Je t'ai dévoilé - bien involontairement, c'est vrai - certains de mes petits détails intimes, tu m'as exposé les tiens, si j'avais un canif, je signerais avec toi un pacte du sang. Mais je crois que c'est inutile !

Je lui confirmais que cette cérémonie initiatique, douloureuse à réaliser, était effectivement inutile.

· Et puis, tu sais... Si tu te comportes en grand garçon, on pourra approfondir encore notre intimité dans les jours qui viennent.

Je n'ai connu que fort peu de joies aussi fulgurantes que celle que m'apporta cette promesse imprécise, mais tellement riche d'espérance !

N'ayant plus eu de tête-à-tête avec la jeune femme jusque-là, c'est avec un peu d'appréhension que je poussais sa porte le lendemain après-midi. Instinctivement, j'usais des mêmes gestes précautionneux que les jours précédents. Ce n'était pas par crainte d'attirer l'attention de mes grands-parents, dont les ronflements puissants résonnaient de façon alternée, depuis longtemps déjà, dans les couloirs menant aux chambres. Ces deux personnes âgées avaient un sommeil nocturne léger et inconstant, et, par contre, n'auraient pas été réveillées par un boulet de canon pendant l'heure de la sieste.
Quand je vis la belle allongée sur son lit, sourire aux lèvres, je fus délivré de mes derniers doutes. Comme je faisais mine de parler, elle mit impérativement un doigt sur sa bouche pour m'intimer l'ordre de me taire. Elle établissait ainsi la première règle du jeu auquel nous allions désormais jouer ensemble. Je compris intuitivement qu'elle souhaitais conserver, à nos ébats, le caractère de plaisirs dérobés qu'ils avaient eu jusqu'ici. D'ailleurs, son sourire s'estompa aussitôt et elle ferma les yeux. Par contre, couchée sur le dos, elle entrouvrit amplement ses jambes à demi-repliées, formant ainsi un large tunnel avec sa robe qui était un peu plus longue qu'à l'accoutumée. Avec autant de délicatesse, que lorsque je tentais de ne pas réveiller la femme assoupie, je me positionnais en face du tunnel de coton bleu clair. La vue offerte était incomparablement plus intéressante qu'elle ne l'avait été jusqu'ici. Non seulement je voyais beaucoup mieux la riche fourrure auburn qui recouvrait son sexe, mais aucun détail des lippes froissées de ses grandes lèvres ne pouvait m'échapper et, dans les entrebâillements de celles-ci, j'entrevoyais je ne sais quels tendres replis roses et humides.
Mais, une fois de plus, le moment le plus fort fut celui où j'introduisis lentement ma tête à l'intérieur de la petite toile de tente improvisée, qui formait comme une corolle resserrée à l'entrée, pour éviter que de précieux arômes ne s'enfuient et soient irrémédiablement perdus. J'arrêtais ma lente progression quand mon visage parvint à quelques centimètres de la large fleur offerte. Rose mature, aux pétales flétris, qui avait perdu l'ordonnancement rigoureux du bouton, mais gagné largement en senteurs épanouies. Délicatement, j'introduisis mon nez entre les chiffonnades languides, en essayant de ne pas les toucher, comme pour m'emparer par surprise de toutes les fragrances cachées entre les plis. Je fermais les yeux, à mon tour, et laissait mon esprit partir à la dérive, au fil des effluves cascadants. Je me sentais merveilleusement bien, comme sans doute jamais plus je ne l'ai été depuis.
Sortant alors une langue hésitante de ma bouche, je l'introduisis, en titillant, au cœur même de la fleur toute mouillée par l'attente. Un frémissement s'échappa de la bouche de la belle dormeuse simulatrice. Alors, ma langue accéléra son mouvement et déplia avec soin toutes les plissures moussues, entre lesquelles elle recueillit la liqueur douce du désir.
Ne respectant pas les règles qu'elle-même avait tissées, ma partenaire haletait tendrement et, par-dessus le fin tissu de la robe, posait ses mains sur ma tête. D'abord timidement, comme pour s'assurer qu'elle n'allait pas fuir avant que sa tâche ne soit achevée, puis avec de plus en plus d'assurance, pour guider ses recherches, afin qu'aucune perle de jouissance n'échappa à sa quête goulue.
Soudain, hasard ou certitude, mon organe lampant rencontra un bouton, dissimulé entre deux lèvres discrètes. La violente réaction, provoquée par une caresse râpeuse de ma langue sur le petit monticule, attira mon attention. Je venais de découvrir le clitoris de ma complice et n'allais plus le lâcher, jusqu'à ce qu'elle parvînt à un orgasme si soudain et si violent que je perdis le contrôle de la situation et me retrouvais exclu du jeu. Un éclat de rire soudain me tira de la sorte de torpeur intellectuelle, qui s'était emparée de moi quand toute mon activité sensorielle s'était concentrée dans mon nez et dans ma bouche. Deux mains fébriles soulevèrent la robe et extirpèrent ma tête d'entre ses cuisses, pour la hisser jusqu'au niveau de la sienne, ce qui permit à sa langue goulue de venir recueillir, aux quatre coins de ma bouche, les restes de liqueur que je conservais avec cupidité, pour en profiter à nouveau plus tard, quand j'aurais quitté ma Dulcinée.
La belle égoïste se démena, tant et tant, qu'elle ne me laissa bientôt plus le moindre trésor en partage. Peu importe, je savais que, prochainement, je pourrais faire à nouveau mes emplettes d'odeurs et de saveurs, et je me disais que, cette fois-ci, je serais encore plus gourmand.

Le petit jeu, initié à cette occasion, se poursuivit aussi longtemps que la jeune femme resta chez mes grands-parents, c'est-à-dire bien trop peu de temps à mon goût. Vainement, j'espérais qu'elle accepta de laisser libre cours à ses fantaisies sexuelles, mais il devint vite évident, qu'avec ce scénario, elle avait fixé, dès le début, les extrêmes limites qu'elle souhaitait atteindre avec moi. Je devais penser, plus tard, qu'elle ne perdit jamais de vue la différence d'âges qui nous séparait et la position inconfortable dans laquelle elle se trouverait si nos relations venaient à se révéler. Les privautés, qu'elle me permettait, étaient déjà bien compromettantes, mais c'était sans doute le minimum de ce que sa volonté pouvait imposer à sa riche sensualité, agacée par mon petit manège de voyeur / renifleur.
Pourtant, un jour, j'eus un espoir fou quand elle me demanda de sa voix profonde et douce :

· N'hésite pas à te branler devant moi, si tu en as envie.

Comme je restais interdit, elle poursuivit :

· Ce sera un petit secret de plus que nous partagerons. D'ailleurs, si tu le fais, je t'accompagnerais en le faisant moi-même. Je commence à trouver frustrant de jouer à la fleur érotique, dont la seule action est d'exhaler ses parfums.

Cette promesse me décida à surmonter ma honte et j'entrepris aussitôt de masser énergiquement mon membre, qui n'espérait déjà plus être à pareille fête.
Après m'avoir observé avec une curiosité évidente, pendant de longues minutes, elle se mit en position de m'accompagner dans mes ébats, tout en conservant une prudente distance entre nos deux corps soumis au plaisir. Perdant un peu le fil de ma masturbation, ce fut mon tour d'examiner avec attention sa méthode. Elle extirpa soigneusement son clitoris de sa gaine de protection, et tout en le maintenant à découvert avec deux doigts d'une main, elle entreprit de le frictionner frénétiquement avec la pointe de l'index de l'autre main.
Au bout de quelques minutes de parcours parallèles, il devint évident, à mes yeux, que nos jouissances obéissaient à des rythmes très différents, ce qui ne manquait pas de m'étonner, mon grand-père professant volontiers que "la Nature était bien faite" et "que tout ce qu'elle produisait était en harmonie."
Pourquoi l'homme et la femme, qui doivent s'accorder dans leurs plaisirs, ont-ils des rythmes naturels de jouissance aussi différents ?
Voilà une question que je n'étais pas près de poser à quelqu'un et dont, d'ailleurs, j'attends toujours vainement la réponse.

Cette petite histoire me paraît avoir eu une importance capitale dans l'évolution de ma sexualité. Aujourd'hui encore, il m'arrive de ne souhaiter recueillir, d'une femme, que ses senteurs et ses saveurs, et laisser de côté les pénétrations, toujours un peu brutales, qui viennent parfois rompre la tendre complicité d'une rencontre. Encore faut-il que ma partenaire soit particulièrement odorante et savoureuse, ce que les femmes rousses ne manquent jamais d'être.

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